La Sorbonne. Au début du XIIème siècle, étudiants et professeurs quittent l’ile de la Cité pour s’installer sur la rive gauche. L’Université de Paris vient alors d’être reconnue par le roi Philipe August et le Pape. Elle donne donc naissance à un nouveau quartier universitaire, ou l’on parle Latin, jusqu'à la révolution. C’est le Quartier Latin. À ses origines, la Sorbonne est un collège pour étudiants en théologie fondé en 1253 au sein de l'Université de Paris par Robert de Sorbon, chapelain et confesseur du roi Saint Louis. À une époque où les étudiants commençaient à affluer à Paris, le collège devait bientôt acquérir une brillante réputation. L’établissement, doté d’une bibliothèque d’envergure, d’une chapelle et de dortoirs destinés au confort de ses étudiants s’associe en effet à la faculté de théologie, et s’implante durablement au cœur du Paris médiéval. Le collège est ainsi destiné, à sa fondation, à abriter une vingtaine de personnes. À cet effet, Saint Louis donna quelques maisons de la rue Coupe-Gueule, maintenant appelé Rue de la Sorbonne, face à l’Hôtel de Cluny, pour y installer les étudiants. Comme les autres collèges de l'université, il devait accueillir des pensionnaires pauvres qui y disposaient de bourses, ainsi que des étudiants non pensionnaires. Un vaste bâtiment et une chapelle, le voici ce collège qui deviendra par la suite, la plus brillante faculté de théologie en Europe. Robert de Sorbon, achète et échange rapidement l'ensemble des abords de cette rue. En 1260, la majorité du site actuel est aux mains du collège. Il s'agit alors d'un ensemble épars de bâtiments divers, maisons, granges, etc. disposés dans un jardin. Une grande simplicité du bâti est maintenue par le fondateur qui instaure une règle de vie pieuse et austère. En dépit des achats et constructions ultérieures, cette relative austérité reste une des caractéristiques du collège. Au début du XVII siècle, il se présentait encore comme un ensemble de bâtiments disparates édifiés le long de la rue Coupe-Gueule, Rue de la Sorbonne, entre le cloître Saint-Benoît au nord et le collège de Calvi au sud. Il comportait une chapelle construite au XIV siècle la façade donnait sur la rue. Le collège de Sorbonne devint le siège des assemblées de la faculté de théologie et de l’université de Paris. De siècle en siècle, le collège que l’on nomme par la suite « la Sorbonne » joue un rôle grandissant dans la vie du royaume de France, participe activement au débat intellectuel, et poursuit sans relâche sa tâche d’enseignement. Reconstruction des bâtiments sous le provisorat de Richelieu. Le cardinal de Richelieu, qui avait été élève au collège de Sorbonne en 1606 -1607, en devint le proviseur le 29 août 1622. Face à l'état de délabrement du bâtiment, il entreprit un ambitieux programme de rénovation du collège. En 1622, son illustre proviseur et bientôt cardinal Richelieu, à la recherche d’un lieu pour accueillir son propre tombeau, entreprend de grands travaux de rénovation et débute alors la construction d’une chapelle. C’est le début d’une modernisation constante des bâtiments, à mesure que la renommée de l’Université ne cesse de s’accroître dans toute l’Europe. La vieille cité médiévale tombe en ruine. Les bâtiments, particulièrement mal commodes, étaient devenus nettement insuffisants au cours des deux derniers siècles. Le rôle des collèges avait en effet alors évolué : d'un simple gîte à l'attention d'une vingtaine de pensionnaires, il était devenu le siège d'une importante bibliothèque et un lieu d'enseignement, tandis que l'acquisition de terres et de rentes avait permis d'accroître le nombre de pensionnaires. Dès le XIII sème siècle, la bibliothèque reçoit les manuscrits en Latin, ou les étudiants apprennent tous les secrets de la mathématique, la géométrie, l’astronomie. Les manuscrits sont enchainés pour ne pas être volés. (Autre trésor, la bibliothèque de la Sorbonne est l’une des plus riches bibliothèques universitaires d’Europe réservée aux enseignants, chercheurs ou étudiants déjà licenciés). Au XVème siècle, arrive l’imprimerie. En 1470 la première presse française est installée ici même. Les premiers livres imprimés a Paris, sortent donc de la Sorbonne. Cette Sorbonne médiévale a aujourd’hui disparue. La reconstitution du tableau dans la cour, célèbre une très grande fête, devant la Basilique de Saint-Denis, la foire au « parchemin » au XIIIème siècle. Sous les arcades de la cour d’honneur, les fresques de XIXème siècle, mettent en scène un recteur et ses étudiants en route pour inaugurer une célèbre foire à Saint-Denis, un évènement dans la vie universitaire parisienne. Ils venaient acheter le parchemin, c'est-à-dire le support indispensable et précieux des livres. Richelieu prend très à cœur son rôle de proviseur. Deux raisons pour cela : La montée vers le pouvoir. Quelques jours après être devenue proviseur, il va devenir cardinal, et deux ans après il va devenir ministre, on peut dire le premier ministre de Louis XIII. Ensuite, le titre de « Proviseur de la Sorbonne » est une fonction qu’il garde jusqu’à la fin parce qu’elle est extrêmement importante pour lui. C’est une façon de pouvoir affirmer sa primauté sur l’esprit et sur la doctrine. Richelieu chargera donc son architecte, Jacques Lemercier, de reconstruire l'ensemble afin de répondre aux exigences et au goût de l'époque. Les travaux de reconstruction commencèrent en mai 1635 et le gros œuvre était presque terminé à la mort du cardinal en 1642. Seule la chapelle, aujourd'hui considérée comme le chef-d'œuvre de Lemercier et de l’architecture classique parisienne restait inachevé. La duchesse d’Aiguillon, héritière et nièce de Richelieu et exécutrice de son testament, dirigea la fin des travaux. Le nouveau collège doubla ainsi sa surface et se vit, en outre, doté d'une grande chapelle destinée à recevoir le tombeau du cardinal. En plus de ces aménagements, le cardinal léguait une partie de sa bibliothèque et de sa fortune à l'institution. Les bâtiments sous la Révolution. Sous la Révolution Française, les bâtiments furent fermés aux étudiants en 1791 et la société sorbonique fut dissoute en même temps que les universités de Paris et de province. En 1794, la chapelle fut transformée en temple de la déesse Raison. De 1881 à 1901 un nouveau chantier vient unifier les bâtiments entre eux, sous l’égide du recteur Gréard. L’architecture du lieu ne sera dès lors que sensiblement modifiée.
La Sorbonne au XIXe siècle À partir de 1806, Napoléon réorganisa l'ensemble du système d'enseignement français en créant l'Université impériale. Elle regroupait tous les niveaux d'enseignement et comportait à ses niveaux les plus élevés les écoles spéciales et des facultés de cinq types : Faculté des sciences, Faculté des lettres, Faculté de théologie, Faculté de droit, et Faculté de médecine. L’orgue de la Chapelle fut commandé à Pierre François Dallery (1764-1833) à l’issue de la restauration de la chapelle funéraire de Richelieu en 1825. À la Restauration, le Duc de Richelieu, (arrière, arrière petit neveu du Cardinal) premier ministre de Louis XVIII, voulut honorer la mémoire du cardinal en rendant tout son lustre à la Sorbonne. Il y fit construire un amphithéâtre de 1 200 places. Malgré ces aménagements, les vieux bâtiments du XVIIème, abandonnés pendant les dix ans de la Révolution, s'étaient beaucoup dégradés. Sous le Second Empire, Léon Vaudoyer fait construire un palais avec une grande façade rue Saint-Jacques et une tour d’astronomie (encore en opération) La première pierre fut posée en 1855 mais le projet n'aboutit pas.
La nouvelle Sorbonne de Henri-Paul Nénot Un nouveau concours d'architecte, présidé par Charles Garnier, fut ouvert dans les années 1880 et remporté par l'élève de Charles Garnier, Henri-Paul Nénot. Malgré quelques protestations, la démolition des bâtiments, chapelle exceptée, dura dix ans, de 1884 à 1894 tandis que la première pierre du nouvel édifice était posée en 1885. Le président Sadi Carnot put inaugurer la première partie du complexe, au nord, en 1889, pour le centenaire de la Révolution française. L'ensemble des travaux ne fut achevé qu'en 1901. La chapelle, devenue monument historique et occupant une surface importante au centre du site, devait être conservée. La Sorbonne éclatée : l'après mai 68 En mai 1968, la Sorbonne est le bastion des manifestations étudiantes, ayant débuté avec le mouvement du 22 Mars à la faculté de Nanterre, qui aboutirent en un ample mouvement contestataire dans toute la France. La première émeute de mai 1968 se déclenche à la suite de l'intervention de la police dans la cour de la Sorbonne. Le 3 mai, des centaines d'étudiants se sont en effet rassemblés dans la cour en prévision d'une attaque du mouvement d'extrême droite Occident. Il y a là toutes les tendances de l’extrême gauche : trotskystes, maoïstes ou anarchistes. Les services d'ordre d'extrême gauche sont armés de manches de pioche et prêts à l'affrontement. En faisant appel à la police, le recteur-président de l'université va ainsi déclencher la première émeute du mois de mai. À partir du 13 mai, la grève générale commence et la Sorbonne est occupée. Mouvement du 22 mars 1968. Le Mouvement du 22-Mars est un mouvement étudiant français, antiautoritaire et d'inspiration libertaire, fondé dans la nuit du vendredi 22 mars 1969 à la faculté de Nanterre Resté dans l'histoire pour la conjugaison originale de revendications de vie quotidienne (possibilité pour les étudiants d'aller dans les chambres des filles de la résidence universitaire) et son opposition à la guerre du Vietnam, il est l'un des éléments déclencheurs des événements de Mai 1968